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À partir de 1683, Richelieu dilapide sa fortune. Il doit vendre ses peintures. Il fait appel pour les estimer au peintre Charles de La Fosse – rubéniste notoire et ancien protégé du duc –, lequel force un peu sur les prix. Certaines toiles sont vendues, d’autres mises en dépôt pour gager des dettes du duc, d’autres échangées : la collection s’éparpille et, en 1715, le duc n’a plus qu’un seul Rubens. Pendant ce temps, la querelle continue. Elle atteint son apogée en 1695 lorsque Noël Coypel, poussiniste – le père d’Antoine Coypel, rubéniste ardent – est nommé chancelier de l’Académie des Beaux-Arts. Son combat pour le dessin est rétrograde et, lorsque Hardouin-Mansart devient surintendant des bâtiments en 1699, il nomme Charles de La Fosse, coloriste, à la place de Noël Coypel. C’est alors qu’arrive en France le pittoresco, technique de la touche visible, encore appelée tachisme ; cette technique, dérivée de l’art de l’école vénitienne, de Titien, de Rubens…, va séduire de plus en plus de peintres français, comme Parrocel, puis Fragonard. Ces peintres veulent peindre la nature, ce qui va entraîner le déclin de la peinture d’histoire, et obligera l’Académie à créer un genre nouveau, celui de la fête galante, promu par Antoine Watteau. Même s’il faut attendre le XIXe siècle pour que le pittoresco soit généralisé en France, dès le début du XVIIIe, la prééminence du dessin sur le coloris s’estompe ; les poussinistes perdent de leur influence ; les rubénistes ont vaincu. Grâce à Roger de Piles, la révolution rubéniste s’est imposée, et on mesure bien l’importance de cette querelle des coloris. Une exposition sur le thème de la querelle des coloris a été présentée à Arras du 6 mars au 14 juin 2004, à l’occasion des manifestations de Lille - 2004, capitale européenne de la culture. Cette exposition, reconnue d’intérêt national, est actuellement au Musée départemental d’art ancien et contemporain d’Épinal (Vosges). |
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Raymond Besson |